Pour une écologie Positive

Publié le : 04 août 20207 mins de lecture

SE REGARDER DANS LE MIROIR

Franchement, de vous à moi, c’est un écologiste qui vous le dit ; nos solutions sont inaudibles. A qui la faute ? Aux électeurs ? A nos partenaires ? Interrogeons-nous, savons-nous convaincre la société ? En avons-nous le talent ? Notre manière de parler de l’écologie politique la rend t’elle sexy ?  Donnons-nous envie d’écologie ? Non – nos 2% à l’issue de la campagne présidentielle ne nous permet certainement pas de répondre par l’affirmative. Non, mille fois non… Les choix d’une campagne protestataire et d’une écologie parfois culpabilisante n’ont t’ils pas occulté nos propositions sociales, économiques et environnementales, celles qui répondent concrètement à la crise actuelle ? A quelques mois des municipales et des européennes, nous devons nous interroger sur nos propres responsabilités. Les écolos doivent se regarder dans le miroir. Et le reflet n’est pas tendre avec nos certitudes. Car force est de constater que les gens ne votent pas pour nous. Certains de nos propres électeurs ont franchement déserté. Nos coopérateurs sont devenus moins coopératifs. Le gouvernement ne semble lui aussi pas pressé de se saisir d’une sortie de crise par l’écologie. Alors si nos propositions sont à ce point imperceptibles, ne serait-ce pas aussi parce que nous n’avons pas su les rendre crédibles ou compréhensibles ?

Quel est l’écologiste qui aujourd’hui peut affirmer que la politique du gouvernement est imbibée à la transition écolo ? Evidemment il n’y a personne. Religion du productivisme, austérité budgétaire, déficit d’imaginaire, mythe de la croissance… Dans ma propre famille politique et ailleurs, on se chahute alors sur la question «doit-on rester au gouvernement ?». C’est une vraie question bien sûr. Selon un récent sondage BVA(1), nous serions 4 électeurs écolos sur 5 à vouloir rester au gouvernement. Certainement vrai, mais parfois difficile à estimer justement tant le débat en interne est âpre et parfois les mots qui y circulent sont durs. A propos de notre participation gouvernementale et de l’accord PS-EELV, prétendre que tout va bien au pays des bisounours serait évidemment faux. Et alors ? Qui a jamais prétendu que nos ADN politiques étaient identiques ? Bien sûr que les socialistes s’endorment trop à notre goût sur l’ancien modèle. Moi aussi je concède facilement que cette première année du mandat de François Hollande n’a pas été à la hauteur des attentes et des enjeux écologistes. Mais n’oublions jamais que nous sommes élus pour 5 ans. Sous pretexte que quelqu’un éternue nous devrions claquer la porte ? Après juste une année, nous devrions déposer les armes, ne pas prendre nos responsabilités ? Quels que soient les aléas de la vie politicienne nous ne devons pas reculer, car notre contexte politique n’est jamais ni tout blanc, ni tout noir. La vérité est que la détention du pouvoir fait peur à certains écolos et que dans ce cas, la première réponse, dès la première petite difficulté ou désaccord avec nos partenaires, est de larguer les amarres pour fuir, pour se réinstaller dans le confortable fauteuil de la contestation.

DEUX ATTITUDES POUR UNE ECOLOGIE POSITIVE

A – L’ attitude schizophrénique écolo qui consiste à rentrer/à sortir/à rentrer/ à sortir décrédilise l’écologie. Les écologistes affirment leur profonde singularité mais ils ne veulent plus avoir raison tout seul. C’est pourquoi il nous faut assumer notre participation aux institutions. Nos électeurs attendent de nous de la cohérence. On a assez gesticuler dans tous les sens par le passé pour avoir des responsabilités, alors prenons les ! Nous devons faire respecter les accords et nous devons proposer. Proposer encore et encore. Pesons plus que jamais sur l’An 2 de notre participation gouvernementale ! Les écologistes ne veulent plus regarder le train passer. Ils sont prêts à se retourner les manches et assument positivement leur participation aux responsabilités. Plus encore, ils veulent conquérir de nouveaux leviers, accéder à encore plus de responsabilités.

B – Notre message public doit être positif. Car voilà, le malheur n’est plus notre boutique. A nous de démontrer, pas à pas et jour après jour, que c’est bien l’écologie politique qui répond aux problèmes de notre temps. Certains médias et lobbies ne rêvent que d’une chose ; nous voir nous restreindre à une écologie primairement dénonciatrice, impuissante et stérile. Ils aiment nous voir nous morfondre dans notre rôle attribué de prophète de l’apocalyspe. Plus nous serons lointains des véritables leviers d’action, plus ils seront heureux. Car ils sont nombreux, à droite comme à gauche, à agiter la prétendue illégitimité des écologistes à exercer le pouvoir. Concentrons-nous sur la réaffirmation positive que l’écologie est un ensemble de solutions réalistes ! Capitalisons, communiquons sur les actions et les retours d’expérience concrêts et positifs de nos ministres, de nos groupes parlementaires, de nos centaines d’élus locaux et régionaux et de tous nos militants sur le terrain.

A NOUS DE TRACER DES PERSPECTIVES

L’accord passé avec le PS doit être sur notre tableau de bord. Il nous faut sans cesse évaluer ce qui a déjà été accompli (loyers plus encadrés, mariage pour tous, …) et tout ce qui est en cours. Les chantiers de la fiscalité des pollutions et la transition énergétique devraient voir le jour concrètement dans les mois à venir. Il y a aussi les engagements non tenus (modes de scrutin des élections locales ou dossier nucléaire) sur lesquels nous ne lâchons pas la pression. Nous savons que rien ne nous sera donné et qu’il faut rester vigilant. Nous ne sommes pas naïfs, nous avons compris que les cartes peuvent être redistribuées à tout moment, d’où l’intérêt d’être en première ligne. Mais nous sommes prêts à co-travailler. Pour un écolo conscient des enjeux d’urgence, le changement est souvent jugé trop long et imperceptible. Mais les lignes bougent, lentement mais elles bougent.

Je vais être franc, d’habitude les motions et les courants m’encombrent la politique. Mais là, il nous faut définir un cap. Il nous faut franchir une nouvelle étape, sinon nous risquons de perdre les précieuses avancées des Européennes  et des Régionales  et de voir l’écologie politique retourner au cachot pour de longues années. OUI, il nous faut préparer l’avenir. OUI, il nous faut préparer les prochaines échéances électorales. Les écologistes sont attendus… mais dotés d’une attitude politique ouverte, responsable et positive.

Maxime Beaulieu – militant EELV-Aube

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